Il était une fois trois pieds de basilic les plus beaux qui soient.Ils étaient plein de promesses et si magnifiques que l'on ne pouvait distinguer le plus beau des trois.L'un avait les feuilles les plus luisantes, l'autre la meilleure senteur et le troisième...ah...le troisième!...
La terre de mon jardin, terre ordinaire, trop calcaire paraissait bien piètre pour de tels trésors et...seule la terre de la Source Sacrée pourrait leur convenir.Mais savez vous où est la Source Sacrée ?Elle est dans le Quercy au bout du bout de la route, par delà les chemins, par delà les sentiers.Arrivés aux deux dernières collines il faut faire le tour de chacune d'elles et là alors la source Sacrée peut se révéler.Le chemin est long,très long et j'allais me mettre en route lorsque le diable en personne par trois fois me dit: "Tu ne la trouveras pas,tu ne la trouveras pas,tu ne la trouveras pas"de sa grosse voix de diable.
Alors au lieu de me mettre en route j'ai pris ma tête entre les mains et j'ai réfléchi,réfléchi,réfléchi et quand j'ai enlevé la tête d'entre mes mains;j'ai pris mon sac à dos et l'ai rempli d'une pelle pour assommer le diable s'il tentait de me décourager une quatrième fois ,mais la méthode forte n'est pas toujours la meilleure et aussi avais je pris une bouteille de bon thé chaud pour le charmer et quelques herbes magiques cueillies au bord des chemins pour l'endormir...
J'ai remis la tête entre les mains et ai réfléchi encore, encore et encore et quand j'ai enlevé la tête d'entre mes mains j'ai chaussé mes bottes de sept lieues et savais que pour trouver la terre de La Source Sacrée dans le Quercy au delà des sentiers, après avoir contourné et grimpé les deux dernières collines il fallait l'aide des fées. Alors j'ai réfléchi, réfléchi, réfléchi encore, encore et encore et quand j'ai enlevé la tête d'entre mes mains j'avais trouvé comment amadouer les fées ; j'allais leur offrir un cadeau...un beau cadeau de fée. Que peut-on offrir à une fée ?....
Oui des roses mais pas n'importe quelle rose, trois des plus belles roses blanches de mon jardin, des roses blanches nées d'un bout de branche planté par mes soins et une rose feu; une rose feu et flamme pour une fée coquine.Une rose feu et flamme qui s'envole au vent après s'être transformée en papillon, une rose première née d'un rosier acheté à grands frais chez le meilleur rosiériste qui soit.
Et donc, dans mon sac à dos se trouvaient... une pelle...une bouteille de bon thé chaud...des herbes magiques et le bouquet de roses...et me voilà partie par delà les sentiers pour arriver enfin aux deux dernières collines.Je fais le tour de la première colline ,je grimpe , grimpe et grimpe, fais le tour de la deuxième colline et grimpe encore, encore et encore, je lutte contre les ronces et contre les mots du diable qui raisonnaient dans ma tête : "Tu ne la trouveras pas, tu ne la trouveras pas, tu ne la trouveras pas...". Mais je savais que dans mon sac il y avait : la pelle..., la bouteille de bon thé chaud..., les herbes...et les roses et poursuivais donc mon chemin.
Et tout à coup; La Source Sacrée je ne pouvais pas me tromper c'était bien elle...mais quelle déception pas le moindre crapaud à transformer en prince charmant juste quelques tétards....et au moment ou je pose mon sac à dos je m'aperçois que mon bouquet de rose avait
disparu.Etaient ce quelques farfadets voisins ayant des comptes à régler avec la fée coquine, qui me les avaient volés ? La fée coquine elle même qui les aurait pris ou la rose feu et flamme qui se serait envolée au vent en papillon entrainant avec elle les trois roses blanches ? Je ne le saurais peut-être jamais. Et j'entendais encore le diable me dire : "Tu ne la trouveras pas, tu ne la trouveras pas , tu ne la trouveras pas..." et je crois même l'avoir presque entre-aperçu (tout noir et tout poilu et...).
Je pris peur et alors vite, vite à l'aide de la pelle je ramassais la terre, la mis sur mon ventre et vite, vite , vite en courant, en tombant j'ai dévalé les deux collines, fait le tour et par delà les sentiers, par delà les chemins, par delà les routes j'arrivais toute éssouflée chez moi où m'attendaient mes trois pieds de basilic les plus jolis qui soient.
Alors j'ai pris le plus beau pot qui soit et ai installé bien confortablement les plus beaux pieds de basilic qui soient dans la terre de La Source Sacrée.
Et alors que s'est-il passé ?...
...
Pas du tout, ils se mirent tout de suite à se flétrir, se rabougrir, à dépérir, à devenir maigre...et à...quasi mourir.
L'un des trois semblait cependant résister un peu plus que les autres.
Je n'ai pas pris la tête entre les mains, je n'ai pas réfléchi mais je l'ai menacé et je lui ai dit en lui montrant deux tomates bien rouges :
"Crotte de crotte, tu vas finir haché-pilé menu menu" et en disant ces mots j'ai coupé deux feuilles et en coupant les deux feuilles j'ai pensé au crottin de ma jument que j'avais encore dans un sac vert...et ma colère est montée, montée, MONTEE et ai donc rempoté mes basilics les plus flétris qui soient dans de la... crotte !
Et la terre de la Source Sacrée, me direz vous, qu'en ai-je fait ?...Oh non je ne l'ai pas jetée, je suis allée la déposer sur une cucurbitacée, sur une citrouille quoi...et alors que s'est il passé ?
Pas du tout, les feuilles se mirent tout de suite à grossir, grossir, GROSSIR, les tiges à s'étirer, s'étirer,s'ETIRER, encore encore et encore,tant tant et TANT que je crois ,sans me vanter, que chez moi j'ai la plus belle citrouille qui soit. Et... peut être, la fée coquine qui se balade souvent dans mon jardin, la transformera-t-elle d'un coup de baguette magique en...oui, en carrosse et alors ? eh bien moi je prendrai mon petit bonhomme de basilic et "trotte trotte ma jument" j'irai faire le tour de la terre jusqu'en Inde, car l'Inde c'est le pays du basilic...et si mon petit bonhomme de basilic reste tout flétri, flétri, flétri, rabougri, rabougri, rabougri, j'irais avec un vrai bonhomme ni flétri ni rabougri et "Trotte trotte ma jument" j'irai jusqu'en Inde et là je me roulerai dans le basilic car l'Inde c'est le pays du basilic.